Un avenir de loisir

Vendredi dernier, je me suis rendu à Lille pour assister à un séminaire qui s’est avéré particulièrement plaisant. La question du temps de travail a bien entendu fait l’objet de nombreuses interventions. Evidemment, nous avons eu droit à la panoplie d’interventions courantes sur ce type de question. Mais l’une d’elles m’a semblé plus fascinante que les autres, car elle remettait notre situation dans une perspective historique et exposait une vraie vision globale. A l’inverse des autres, l’intervenant y exposait comment l’humanité allait travailler moins… pour gagner de plus en plus. Et il ne s’agissait pas même d’un rêve : ce mécanisme était déjà lancé depuis des années. Les multiples innovations qui ont émergé avec la révolution industrielle nous ont en effet offert la possibilité de nous enrichir de manière globale, de vivre plus sainement, non seulement plus longtemps mais aussi en meilleure forme. Le métier à notre époque requiert moins de temps et sont moins dommageables pour la santé. On a tendance à l’oublier, mais nous jouissons à présent d’une santé, d’une espérance de vie et d’un niveau de vie dont ne pouvaient même pas rêver les rois et la noblesse ne pouvaient rêver il y a deux siècles. Le scénario selon lequel à l’avenir, nous devrons tous travailler jusqu’à 80 ans est donc dénué de tout fondement. C’est l’inverse qui va se produire. La R&D rend l’être humain plus productif et lui permet de travailler de moins en moins longtemps, dans de meilleures conditions, tout en gagnant en valeur ajoutée. Dans notre monde occidental, le temps où le secteur de l’agriculture occupait 50 % de la population active est depuis longtemps fini, grâcerâce au tracteur, aux engrais, aux modifications génétiques et à des techniques d’agriculture perfectionnées. Au cours de ces deux derniers siècles, nous avons principalement dédié l’augmentation collective de l’espérance de vie et de la richesse à toujours plus de temps libre. Le fait de devoir aujourd’hui de nouveau travailler plus longtemps n’est qu’un problème transitoire. Nous avons seulement pris une avance sur un pécule qui n’avait pas encore bâtie. Mais l’évaluation la plus probable relative à notre avenir nous laisse entrevoir davantage de richesse, moins de travail et davantage de temps libre. Ce séminaire a été une vraie bouffée d’air frais face au contexte de sinistrose ambiant.